La grenouille, le serpent et le poisson
"La grandeur d’une nation et ses progrès moraux peuvent être jugés par la manière dont elle traite les animaux." Gandhi (1869-1948)
Il est étonnant que l’on doive faire un projet de loi afin de protéger des êtres sans défense de personnes qui n’ont aucune compassion. Il m’arrive souvent de rêver d’un monde ou chaque personne vivrait cette fable tirée du film de Kim Ki-duk (Printemps, été, automne, hiver… et printemps) afin d’en tirer une leçon pour la vie; les lois de cette sorte deviendraient alors inutiles.
« Un vieux maître zen et son jeune disciple vivent dans un temple bouddhiste flottant au milieu d’un lac. Un garçon s’amuse avec une grenouille, un serpent et un poisson en leur attachant des pierres à l’aide d’une corde. Le maitre s’aperçoit des méfaits qu’a commis son disciple et profite du sommeil de ce dernier pour lui attacher une pierre au dos. Le lendemain matin, l’enfant prie le maitre de lui enlever la pierre. L’enseignant lui demande : « n’as-tu pas fait la même chose au serpent? » « Oui, maître », répond le disciple. « N’as-tu pas fait la même chose à la grenouille? » « Oui, maître ». « N’as-tu pas fait la même chose au poisson? » «Oui, maître ». « Tu iras délivrer ces animaux de leur pierre et si l’un d’entre eux, du serpent, de la grenouille ou du poisson est mort, tu porteras cette pierre dans ton cœur le reste de ta vie ». La grenouille survit mais le poisson et le serpent ont péri. À ce moment, le garçon prend conscience des conséquences de ces actes et s’effondre en pleurant. »
Quiconque s’intéresse au sort des animaux se trouve très souvent confronté à des actes de violence et de cruauté innommables. La première réaction est de refuser de voir cette réalité parce que trop douloureuse. Mais encore faut-il pouvoir constater la réalité si nous voulons la changer. Des personnes dévouées ont compris qu’en faisant preuve de courage, elles peuvent réellement faire une différence. Il y a celles qui recueillent les images incriminantes et les transmettent à l’aide des médias sociaux (ACRACQ). D’autres qui participent au sauvetage d’animaux dans des chenils insalubres (SPCA, International Humane Association), celles qui enquêtent secrètement permettant de mettre à jour les abus dans les fermes d’élevage (Mercy for Animals) ou celles qui parcourent des kilomètres afin de sauver et de transporter des chiens abandonnés (Pilots N Paws).
Le Québec est en voie de s’extraire de sa pitoyable position (12ème sur 13 provinces et territoires) en matière de protection animale. La campagne du collectif « Les animaux ne sont pas des choses » a porté fruit : un projet de loi sera vraisemblablement déposé en juin pour protéger les animaux contre la maltraitance. Peut-être pourrions nous, le cas échéant, concrétiser nos efforts comme témoin pour actualiser cette importante citation de Gandhi.
Les Cailles du Lac Masson