La sagesse des animaux.
(Photo Mario L. Gagnon)
Mon dernier article qui traitait d’un nouveau statut juridique pour les animaux a suscité un vif débat entre mon paternel et moi. Mon père argumentait qu’il était bien improbable que les animaux ne soient plus considérés comme des “Biens” et donc, ne soient plus des marchandises à vendre. Qu’allons nous faire de toute cette économie de marché entourant les animaux disait-il? Et de toute façon, ne sommes nous pas supérieurs à eux? Voilà, me suis-je dis, dans cette réponse spontanée réside tout le mythe occidental de notre supériorité face aux animaux. Ce mythe qui justifie leur domination. En quoi sommes-nous supérieurs aux animaux, lui ai-je demandé. Par la raison, me dit-il, évidemment! Mais, en quoi cette raison fait de nous des êtres supérieurs? Oui, j’avoue qu’au plan technologique nous sommes d’une ingéniosité stupéfiante mais au plan humain, notre bilan est triste à pleurer. Voyez par vous-mêmes. Ne sommes-nous pas en train de polluer l’air que nous respirons, empoisonner l’eau que nous buvons, contaminer la terre que nous cultivons, détruire d’innombrables habitats d’animaux au nom de cette raison? Pire, ne sommes-nous pas l’espèce qui a exterminé 100 millions de nos semblables seulement au XXème siècle? Cette impression de supériorité est tellement ancrée dans notre mentalité occidentale qu’il est pratiquement impossible de voir les animaux autrement qu’une possession, qu’une marchandise à vendre, qu’un être à dominer. La même chose s’applique à la nature. Pourtant, les bêtes ont de belles leçons à nous donner. Sur notre ferme, nous avons le loisir d’observer le comportement quotidien de nos animaux. Des oiseaux qui vivent naturellement sans avoir été « contaminés », comme nos bêtes domestiques, par nos névroses humaines. En prenant la peine d’observer les animaux, une des premières choses qui frappe aux yeux, c’est leur facilité à s’ancrer dans le moment présent. Nous, humains, sommes là à rabâcher continuellement le passé et à craindre le futur. Passé et futur n’existent pas pour eux. Ils s’adaptent à toute situation sans se plaindre. Bien souvent, en les voyant, je me dis qu’il serait bien facile de les négliger, de les oublier puisque jamais ils ne se plaignent de leur condition. L’urbanisation nous a fait perdre peu à peu notre lien sacré avec la nature. Nous devons nous rappeler que nous vivons tous intimement en interrelation. Détruire la nature signifie nous causer préjudice puisque nous faisons partie du même univers. Non seulement nous faisons partie de la nature mais nous sommes aussi la nature. Est-ce difficile à entendre pour un ego qui a été conditionné à se croire supérieur?